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Helium neurasthénique

6 janvier 2004

La "place" - Première partie

Pendant toute sa vie, il a essayé de s'intégrer au sein de la communauté dans laquelle il vivait. Malgré sa timidité, Patrick allait vers les autres et faisait des efforts. Malheureusement pour lui, ce n'était pas le cas des autres, qui le méprisaient peut-être trop inconsciemment. Combien de fois, après un cours ou une réunion dans sa vie, a-il essayé de sympathiser avec une autre personne ? Et combien de fois cette même personne répondait à Patrick tout en partant, lui faisant part d'un faux sourire, l'air gêné, pour ne pas trop le vexer ? Il se souvient maintenant de toutes les fois où il avait réussi à s'entendre avec un individu qui l'ignorait et faisait tout pour l'éviter quelques semaines plus tard...

Un soir, comme tout les autres, Patrick s'ennuit. Il se dirige lentement vers le rebord de sa fenêtre, qu'il ouvre d'une main par la poignée qu'il tourne. Il peut maintenant sentir le vent communier avec lui. Ferme les yeux, relache-toi, respire...
Ce n'est pas la première fois qu'il pensait au suicide. La première fois, il s'en souvient, c'était dans un des moments de la vie où tout vous arrive en même temps, perte d'un proche, échec social, professionel, amoureux, scolaire, ... N'ayant pas assez d'argent pout se mettre à fumer ou à boire à l'époque, il ne trouvait aucun refuge. Le suicide était alors le seul moyen d'oublier tous ses problèmes et de les résoudre. Mais après sa première tentative, il se rendit compte de la gravité de l'acte, pas pour lui, mais pour ses proches (même si il ne savait plus vraiment si il vivait encore pour quelqu'un), qui pourraient à leur tour tomber en depression, ou tomber d'une fenêtre comme l'avait prévu Patrick. Le fait de penser à ses proches et à leur avenir avant un suicide est une preuve de non-égocentrisme si le sujet ne saute pas (et c'est le cas pour Patrick). La vie devient alors plus difficile à partir de ce moment. Il y repensera mais n'ira jamais jusqu'au bout, pensant sans cesse à sa famille. Patrick mit longtemps à comprendre ses envies suicidaires. Il s'aperçût avec les années que les autres individus de son âge n'avaient rien à voir avec lui. Ne pas réussir à s'intégrer malgré les efforts est un premier signe. Son humour, ses choix musicaux et cinématographiques n'avaient rien à voir avec ceux des autres.

Un jour, en rentrant de l'E.P.S, il comprît tout. A la fin du cours, les élèves doivent retourner dans l'établissement. Chaque élève rentre au moins avec un autre élève, selon les affinités. Mais au milieu de ces rangées, on peut apercevoir un vide. Au milieu de ce vide, Patrick, seul, marche, avec comme seul désir de partir, s'éloigner, ne plus être ici. Il a enfin trouvé son problème : il n'est pas à sa "place". Il s'aperçoit alors que sa tentative de suicide, si il était allé jusqu'au bout et qu'elle avait échouée, aurait pu être un "test" pour les autres : si ils se préoccupaient de son état, qu'ils allaient le voir à l'hôpital sans y être forcé, là, oui, il se sentirait à sa place. Il n'est pas allé au bout, il ne saura pas...
Inconsciemment, il voulut encore faire des efforts, se rendre utile, qu'il puisse se dire qu'il sert à quelque chose dans la vie, il avait besoin d'une preuve, d'attirer l'attention aussi, pour voir.

En vain...

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